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Conflit Ukraine-Russie : Du fantasme à la réalité, de l’illusion à la désillusion – Général Antoine Martinez
Face à la guerre en Ukraine qui aurait pu et qui aurait dû être évitée, avons-nous encore le droit, dans un monde pourtant dit libre, d’appréhender cette situation dramatique avec une grille de lecture non manichéenne ou sommes-nous sommés de nous soumettre à la seule vérité dispensée officiellement sous peine d’être invectivés et insultés ?
Car oui, ce conflit pouvait être évité en admettant objectivement, après l’expansion continue de l’OTAN depuis la fin de la Guerre froide vers les frontières russes – une obsession devenue pathologique pour certains – que l’admission de l’Ukraine dans cette organisation n’est pas acceptable car elle constitue un casus belli pour la Russie.
Les enjeux de sécurité de la Russie, aussi légitimes que ceux des pays membres de l’UE, ne peuvent pas être ignorés et vouloir l’exclure, alors qu’elle est partie prenante, d’une architecture sur la sécurité européenne qui concerne l’ensemble du continent européen ne semble ni judicieux ni responsable.
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Conclusion
Dans ce conflit, personne ne nie que la Russie est l’agresseur. Cette agression doit être condamnée.
Mais le régime de Kiev doit également être condamné pour n’avoir pas voulu appliquer les accords de Minsk qu’il a pourtant signés en 2014 et 2015. Il ne faut pas oublier que Volodymyr Zelensky a été élu en 2019 sur un programme de paix avec la promesse d’apaiser les tensions avec la Russie et de résoudre la crise dans l’est de l’Ukraine.
La France et l’Allemagne sont aussi blâmables pour ne pas avoir respecté leur signature qui faisait de ces deux pays les garants de l’application de ces accords de Minsk.
Les Etats-Unis et l’OTAN, par leur action menée depuis trois décennies contre la Russie et en particulier par leur action conduite en Ukraine depuis une dizaine d’années doivent être condamnés. Enfin, les Etats-Unis ont tout fait en ce début d’année 2022 pour que ce conflit éclate.
« Les responsables des guerres ne sont pas ceux qui les déclenchent mais ceux qui les ont rendues inévitables. ».
Cette formule attribuée à Montesquieu illustre parfaitement le conflit actuel. Les Russes ont déclenché cette guerre, mais les Etats-Unis l’ont rendue inévitable.
Aujourd’hui, l’Occident est prompt à condamner la Russie en diabolisant son président, Vladimir Poutine. Alors que ce conflit n’est pas seulement militaire – il est aussi, entre autres, médiatique – les médias et la grande majorité des commentateurs imposent leur grille de lecture pour analyser la situation et les enjeux en reprennant le narratif élaboré par le régime de Kiev et relayé par les Anglos-Saxons, occultant totalement ce qui s’est passé avant le 24 février 2022.
C’est donc une analyse partielle et partiale qui domine et qui refuse résolument de prendre en compte les raisons historiques qui ont conduit à ce drame, car elles mettent en lumière le rôle et la responsabilité des Etats-Unis, de l’OTAN et du régime de Kiev dans ce conflit qui – il faut le rappeler – n’aurait jamais dû avoir lieu.
Par ailleurs, comment comprendre cette hystérie anti-russe totalement démesurée et devenue pathologique qui constitue finalement l’axe majeur de la politique américaine, hystérie moins marquée mais cependant partagée par des pays européens dont l’intérêt est pourtant l’établissement de rapports pacifiés sur le continent européen ?
Cette même hystérie, cette même condamnation se sont-elle manifestées contre les Etats-Unis qui ont agressé la Serbie en 1999 et l’Irak en 2003, pour ne prendre que ces deux exemples, bafouant ainsi le droit international et la Charte des Nations unies ? A-t-on condamné leurs nombreuses interventions décidées unilatéralement et leurs conséquences qui se sont traduites par des dizaines, voire des centaines de milliers de morts et des destructions considérables ? Comment comprendre ce deux poids, deux mesures évident ?
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Et ce n’est certainement pas, le président français qui pourra jouer dorénavant l’intermédiaire. Il n’a pas réussi à le faire dans la mesure où sa démarche était partisane dès le début et parce que sa vision de la diplomatie à ciel ouvert, avec les indiscrétions sur des conversations tenues avec Vladimir Poutine l’a discrédité. Peut-on rappeler que lors de la crise des missiles de Cuba en 1962, c’est bien une négociation – donc le dialogue – entre les Etats-Unis et l’ex-URSS qui mit fin à l’escalade ? Sans ce dialogue, une guerre nucléaire aurait pu avoir lieu. L’ex-URSS avait bien compris que cette question était considérée comme existentielle par les Etats-Unis et leur projet fut sagement abandonné.
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On constate les conséquences pour nous Européens d’un alignement pavlovien d’une Union européenne totalement soumise à des Etats-Unis prêts à sacrifier des vies européennes pour atteindre des objectifs qui sont contraires à nos intérêts sur le continent européen. N’est-il pas temps que la raison reprenne ses droits et que l’UE s’émancipe enfin de la tutelle exercée abusivement par des Etats-Unis tout puissants qui l’empêchent de décider par elle-même ? Il est temps d’adopter une approche politique des problèmes de nature géopolitique et géostratégique en fonction des impératifs liés à la réalité.
Les mois qui viennent seront décisifs pour l’Union européenne.
Soit elle réalise que cette guerre entre l’Ukraine et la Russie était largement évitable et qu’elle a commis une erreur en suivant aveuglément les Etats-Unis et l’OTAN dans une démarche contraire à ses propres intérêts sur le continent européen. Cela pourrait se traduire par un sursaut collectif qui pourrait d’ailleurs être provoqué par les conséquences désastreuses des sanctions décidées contre la Russie que vont subir les peuples européens.
Soit l’Union européenne persiste dans son erreur qui traduit, en fait, une approche essentiellement anti-russe de cette crise. Cela précipiterait alors sa chute et sa perte de crédibilité et d’influence notamment sur le continent européen. Les peuples européens auraient alors à souffrir beaucoup plus fortement et durablement que la Russie des nombreuses conséquences des sanctions économiques décidées.